[Nom de domaine] Oui à l’ouverture du .re aux particuliers

17 Avr
2010

Trait de soleil

Il y quelques jour a eu lieu une petite discussion ((merci Olivier)) sur twitter concernant l’opportunité (ou non) d’ouvrir la location des noms de domaines avec l’extension .re aux particuliers. J’ai souhaité écrire la présente note pour rappeler certains points et donner ma position.

Préambule

La Réunion bien que faisant partie de la République française est, comme d’autres territoires français, un pays à part entière ((en plus d’être simultanément une Région, un Département d’Outre-Mer, une Région ultrapériphérique de l’UE et j’en oublie sans doute)). Cela signifie notamment qu’elle dispose d’un indicatif téléphonique propre (+262 contre +33 pour la métropole) ((Recommandation E.164 de l’Union internationale des télécommunications)), d’un code pays distinct (638 contre 250) attribué par l’ONU ((norme UN M.49)) et d’un code à deux lettre (RE) défini par l’ISO dans sa norme 3166-1 alpha 2. Ce dernier point a son importance par rapport à notre sujet car l’ICANN, organisme en charge de la gestion des noms de domaine de premier niveau, s’appuie en partie sur cette norme pour définir la liste des domaines géographique de premier niveau ((country code Top-Level Domain ou ccTLD)) d’où l’existence de l’extension ((ndlr : dans la suite de cette note l’appellation extension ou extension de domaine sera employée comme synonyme de nom de domaine de premier niveau)) .re.

Une extension géographique permet soit de communiquer vers un territoire particulier, soit de revendiquer un attachement à celui-ci (ou les deux) ((si l’on excepte la pratique marginale consistant à les détourner pour créer des noms de domaine plus court comme par exemple Flickr qui utilise l’extension de la Corée du Sud pour raccourcir www.flickr.com en flic.kr)).

Les règles actuelles pour louer un nom de domaine en .re

En pratique la gestion du .re a été délégué par l’ICANN à l’AFNIC ((Association Française pour le Nommage Internet en Coopération)) qui gère également le .fr (mais pas les extensions des autres DOM (?) ((Qui gère les suffixes internet pour les DOM/TOM ?)) ((je suis curieux de connaître les raisons de ce traitement différencié si quelqu’un sait ? Ceci dit on ne s’en plaindra pas vu les tarifs par ex pour un .gp (Guadeloupe) ou le caractère moribond du .mq (Martinique))) ) et l’enregistrement des noms de domaine en .re est possible depuis juin 2001. L’AFNIC a défini une charte de nommage pour le .re qui précise notamment que seules les personnes morales dont le siège social ou l’un des établissements est situé à la Réunion ainsi que les personnes physiques titulaires d’une marque déposée et résidant à la Réunion peuvent louer un nom de domaine .re.

En clair un particulier lambda qu’il réside ou non à la Réunion ne peut pas louer un nom domaine .re alors qu’il peut louer sans difficulté un nom de domaine avec une extension générique (.com, .net …) ou géographique comme .fr, .be, .eu etc.

On est dans une situation analogue à celle dans laquelle était le .fr avant le 20 juin 2006. Depuis cette date un particulier résidant sur le territoire français peut enregistrer un nom de domaine en .fr (y compris donc s’il réside à la Réunion ce dont certains ne se privent pas y compris pour des sites ayant un fort contenu centré sur la Réunion, ce qui donne de cocasses xxx974.fr ou xxx-reunion.fr, cherchez l’erreur …). Les règles du .fr viennent encore d’être assouplies puisque depuis le 16 mars 2010 il est désormais accessible à un citoyen français résidant hors du territoire national (et sous deux ans à tous les particuliers ou structures domiciliés dans l’Union Européenne).

Les arguments contre l’ouverture du .re aux particuliers

Éviter les noms de domaines farfelus comme par exemple un ville-franche -sur-soane .re

Bon pour la blague je dirais que l’IRT ((Île de la Réunion Tourisme)), organisme en charge de la promotion du tourisme à la Réunion, a pour adresse www.reunion.fr et que www.reunion.re n’est même pas exploité mais renvoi sur le Conseil Régional. Ce n’est qu’un exemple parmi les multiples xxx974.fr ou autre xxx-reunion.fr mais je pourrais aussi citer Antenne Réunion, la Mairie de Saint-Denis, le Conseil Économique et Social (…) qui ont tous pour point commun d’utiliser l’extension .fr en lieu et place du .re. C’est aussi amusant de voir des sites d’agences web ou de boutiques informatiques réunionnaises en .fr (je vous laisse chercher).

Si on développe un peu l’argument on voit mal pourquoi le peu connu .re souffrirait plus du risque de cybersquatting que le .fr ou d’autres extensions. La charte de nommage est plutôt claire et il existe des procédures de résolution des litiges auprès de l’AFNIC. En dernier recours et s’agissant d’une association française on obtiendra sans difficulté l’exécution d’une décision de justice rendu par un tribunal français. Il est loin le temps où des entreprises rachetaient à prix d’or ((3,6 millions d’euros pour un nom de domaine d’un site qui n’existe même plus, merci qui ? Merci J67M)) des noms de domaines qu’elles avaient oublié de réserver.

Je doute donc fortement qu’un particulier s’amusera à déposer le nom d’une entreprise ou d’une marque locale déposée et dans ce cas une simple lettre d’un avocat ou d’un huissier sera sans doute plus que suffisante pour que les choses rentrent dans l’ordre. Rappelons au passage le coût plus que modique pour une entreprise de la location d’un nom de domaine en .re, .fr ou .com (ah bon entendeur salut).

Pour l’anecdote, sur le respect des marques, je pense à une dynamique et talentueuse agence web réunionnaise qui exploite plusieurs noms de domaines en .re correspondant à des produits d’une célèbre marque d’informatique qui ne vend pas des fenêtres ((un indice supplémentaire ? Magritte ?)) notamment un forum bien connu dans le web réunionnais et dont je doute qu’elle détienne les droits (mais je peux me tromper).

À l’inverse actuellement une entreprise ou une marque française qui ne dispose pas d’établissement à la Réunion mais souhaiterait acquérir le .re correspondant pour créer un site spécifique pour la Réunion ne le peut pas alors que l’inverse est possible.

En pratique cela donne lieu à des achats de nom de domaine en .re via des entreprises locales pour le compte de tiers et c’est également valable semble-t-il pour des hommes politiques ((cf. par exemple www.cyrillemelchior.re dont je vous laisse consulter le Whois)) . Une autre pratique consiste à utiliser sa société pour acheter des noms de domaines exploités à des fins autres que professionnelles ((je vous laisse chercher sur Google avec par exemple une recherche du type site:.re combinée à quelques termes comme par ex blog, reste plus qu’à faire le tri)).

Un risque de perte de confiance des acheteurs sur les sites de vente en ligne en .re

Un site en .re affichant un numéro de SIRET donnerait un sentiment de confiance et permettrait au client d’être certain qu’il s’agit d’une entreprise réunionnaise.

Bon je ne sais pas pour vous mais chez moi le numéro de SIRET n’a jamais joué le moindre rôle dans le sentiment de confiance que je pouvais avoir vis-à-vis de tel ou tel site (ami des bilans comptables, bonsoir). Ce qui va jouer c’est l’ergonomie, la qualité des informations fournies (états des stocks en temps réel par ex.), les moyens de paiements proposés et surtout la réputation du site qu’il est facile de contrôler en ligne via une simple requête sur un moteur de recherche avec le nom du commerçant.

Par ailleurs je ne vois pas bien le rapport concernant une ouverture aux particuliers du .re étant donné que ceux-ci par définition ne font pas de commerce et qu’il existe déjà des sites non marchand montés par des professionnels ou des associations.

Concernant une ouverture à des entreprises situées hors du sol réunionnais, rien n’empêche de vérifier sur le site dudit commerçant son adresse postale (c’est même grandement recommandé vu les spécificités fiscales locales) ((tout bien entrant à la Réunion est soumis à imposition (TVA locale + Octroi de mer + Droits additionnels) y compris s’il vient de métropole ou d’un pays de l’Union Européenne. Au passage quelqu’un aux Douanes pourrait nous expliquer comment on peut arriver à la Réunion en utilisant un moyen de transport autre qu’aérien ou maritime ?)).

Il existe par ailleurs des sites commerciaux dont le siège est à la Réunion et qui pour autant n’ont pas un nom de domaine en .re, devrait-on pour autant leur faire moins confiance ?

Un risque de perte d’identité du .re

La boutade du sinon un mec de Bretagne pourrais achetes bretons.re outre que l’exemple est plutôt mal choisi vu le nombre de bretons sur l’île je ne vois pas du tout où est le problème. Si quelqu’un en Bretagne décide de prendre ce nom de domaine c’est bien pour créer un site en rapport avec la Réunion et les bretons. Pourquoi la parole du web réunionnais devrait-elle être réservée à ceux physiquement présents sur le territoire de l’île ?

Pourquoi je suis pour l’ouverture aux particuliers

D’après une information communiquée par son Directeur général, l’AFNIC a demandé l’ouverture du .re aux particuliers en même temps que celle du .fr en 2006. Cette demande a été rejetée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Réunion qui est l’interlocuteur local désigné de l’AFNIC (merci qui ?).

Outre que l’on peut s’interroger sur la désignation comme unique interlocuteur local de la CCI dont l’objet est la défense des intérêts des entreprises et non l’intérêt général, il est regrettable que les motivations de ce refus ne puissent être publiquement consultées.

Contenu vs marchandisation

Internet n’est pas (encore) uniquement un espace marchand, c’est aussi et surtout un espace de communication et d’échange ouvert à chacun. Il me semble donc naturel que quiconque souhaitant communiquer en rapport avec ou depuis la Réunion et souhaitant utiliser dans ce but l’extension .re puisse le faire dans le respect des règles et des lois définies. Je ne vois pas au nom de quoi la voix du web réunionnais devrait être confisquée et réservée uniquement aux entreprises réunionnaises.

Il est au passage intéressant de constater que des noms de domaine (exploités ou non, monétisés ou non) correspondant à des noms propres ou communs du patrimoine de la Réunion (lieux, objets, animaux …) ont été enregistrés.

Augmenter la visibilité de la Réunion et revendiquer un attachement

Le choix d’une extension de domaine comme le .re démontre un lien avec cet espace géographique. L’ouvrir aux particuliers accroîtra mécaniquement le nombre de site l’exploitant permettant ainsi d’augmenter la visibilité sur le web de la Réunion, parfois inconnue, souvent confondue avec les Antilles et à ceux qui le souhaite de revendiquer un lien avec l’île.

Principes d’équivalence et de réciprocité

Le .fr est accessible à l’ensemble des particuliers présents sur le sol réunionnais, il me semble on ne peut plus légitime qu’il en soit de même pour le .re.

Les commentaires sont ouverts et chacun est libre d’exprimer son point de vue dans le respect des règles habituelles.

Mise à jour : depuis le 06/12/2011 toute personne physique ou morale résidant sur un territoire de l’Union Européenne peut enfin réserver un nom de domaine .re dans les mêmes conditions que le .fr. Les Réunionnais vont pouvoir librement utiliser des noms de domaines .re

(4) Commentaires au billet [Nom de domaine] Oui à l’ouverture du .re aux particuliers

Avatar

Tweets that mention [Nom de domaine] Oui à l’ouverture du .re aux particuliers | Blog A Brac -- Topsy.com

19 avril 2010 à 18:43 (Paris)

[…] This post was mentioned on Twitter by Olivier Hamoud, Florent Bouckenooghe. Florent Bouckenooghe said: [Nom de domaine] Pourquoi je suis favorable à l'ouverture du .re aux particuliers http://bit.ly/9LFZkR #tw974 #afnic […]

Avatar

Referencement

12 novembre 2010 à 06:43 (Paris)

Je cherchais justement une réponse concernant le .RE. Quand les français de la France pourront enregistrer un nom de domaine .re comme le point fr ?

Avatar

Florent

12 novembre 2010 à 11:12 (Paris)

En l’état actuel jamais puisque les personnes physiques habitant à la Réunion ne peuvent déjà pas enregistrer un nom de domaine en .re alors les personnes résidents en métropole …

La situation est bloquée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Réunion qui c’est bien normal tient à privilégier les entreprises et qui et là c’est moins normal est l’unique interlocuteur désigné pour discuter avec l’AFNIC des modalités d’ouverture de l’extension .re

Malgré deux courriels envoyés directement à la CCI de la Réunion aucune réponse.

En pratique ce blocage idiot donne lui à de multiple contournements avec des entreprises extérieures à la Réunion qui utilisent des entreprises locales comme prête-noms et des particuliers qui utilisent leur entreprise pour en louer …

Comme souvent seul celui qui respecte les règles se retrouve bloqué.

Avatar

Le JIR pourrait-il fournir une information complète et objective ? | Blog A Brac

14 février 2011 à 18:11 (Paris)

[…] Histoire de remettre l’information en perspective plutôt que de la (mal)traiter par le petit bout de la lorgnette. Taric :tarif intégré des Communautés européennes[↵]Si je suppose bien qu’un sac Louis Vuitton à 800 € est forcément en cuir et fabriqué à la main, les lecteurs me pardonneront de ne pas être spécialiste en la matière[↵]Le taux de 15,5% ne s’appliquant a priori qu’aux malles, valises et mallettes, serviettes, cartables, étuis à lunettes pour jumelle qui ne sont pas en matière plastique ou textile[↵]Sauf quelques exceptions voir le tarif de l’octroi de mer[↵]Et un site institutionnel réunionnais en .com on se demande bien le pourquoi de ce choix contradictoire à l’heure où l’on veut mettre en avant la Réunion et que l’on dispose d’une extension de nom de domaine spécifique[↵] […]

Haut