Un mélange pêle-mêle de quelques réflexions, humeurs, photographies et autres élucubrations …
nPerf est un service de mesure de certains indicateurs de sa connexion Internet. Il sert principalement à faire des mesures du débit descendant, du débit montant et de la latence. Il utilise pour cela différents serveurs qui servent de cible pour faire les mesures.
nPerf peut également effectuer quelques tests de navigation et de lecture de streaming vidéos mais ces mesures n’entrent pas dans le calcul du Nperf Awards.
Le service est disponible sous forme d’un site web ainsi que d’applications sous iOS, Android et Windows.
Il permet de faire des mesures sur des connexions internet fixes et mobiles. Dans ce billet il ne sera question que des mesures réalisées sur une connexion internet fixe même si la plupart des remarques sont également applicables aux connexions mobiles.
De manière simple pour l’utilisateur nPerf permet de mesurer le débit et la latence depuis son appareil jusqu’à un serveur de test en cliquant sur un bouton.
Par défaut au lancement d’un test de débit, nPerf va identifier le serveur de test le plus proche et l’utiliser pour faire des mesures de débit descendant, montant et de latence. Cela a du sens dans la mesure où cela permet de rendre les mesures plus facilement comparables en éliminant certaines variables.
Il est possible de choisir manuellement un autre serveur mais c’est une chose que peu d’utilisateurs savent et font.
nPerf a des partenariats avec la plupart des fournisseurs d’accès Internet ce qui lui permet d’héberger des serveurs de test directement au cœur du réseau de chaque opérateur (cœur de réseau aussi appelé Backbone).
À La Réunion, chacun des 4 opérateurs fixes en héberge un :
On regrettera au passage que pour l’instant seul celui chez Orange Réunion soit joignable en IPv6…
Ainsi les clients de chacun des 4 opérateurs vont par défaut utiliser normalement le serveur nPerf présent sur le réseau de leur opérateur. Et non les tests ne sont pas «?arrangés?» parce que le serveur de test est sur le réseau de l’opérateur.
Il est à remarquer que comme tout serveur chaque serveur de test nPerf dispose d’une bande déterminée partagée entre tous les utilisateurs qui font un test à l’instant T. Elle est actuellement de 10 Gbit/s pour chacun des 4 serveurs locaux.
Dit comme cela ça peut surprendre mais nPerf ne permet pas de mesurer le débit de la connexion fournie par l’opérateur au niveau de la box.
La mesure n’étant pas réalisée au niveau de la box internet elle-même mais depuis un autre appareil relié à la box, Nperf ne peut que mesurer la connexion disponible à l’instant T au niveau de cet appareil.
De même nPerf n’est pas en capacité de détecter si lors du test d’autres équipements utilisent actuellement la connexion (ce que l’on appelle le « cross-traffic ») et donc une partie de la bande passante ce qui diminue la vitesse mesurée.
Je reprends ici des éléments du rapport sur l’état de l’internet en France édition 2021 réalisé par l’Arcep
nPerf est donc fortement dépendant des choix suivants qui vont impacter directement le résultat des tests :
Si on utilise un équipement peu performant cela impacte directement le résultat des mesures car l’équipement ne sera pas capable d’utiliser toute la bande passante mise à disposition par l’opérateur.
De même le mode de liaison entre l’appareil utilisé et la box internet va avoir un impact direct sur les résultats. Par ex. une connexion Wi-Fi en fonction de la bande de fréquence utilisée (2,4 GHz, 5 GHz ou même 6 GHz pour les matériels Wi-Fi 6E), des réglages utilisés (largeur de bande, canal utilisé etc.), des performances matérielles intrinsèque de l’appareil client utilisé et de la qualité du signal radio va limiter le débit possible. De même dans le cas d’une liaison Ethernet par câble limitée à 100 Mbit/s, des boîtiers CPL dépendant de la qualité du réseau électrique du logement etc. vont impacter les résultats.
À l’heure actuelle lors d’un test, Nperf n’est pas en mesure d’identifier la technologie d’accès fixe (cuivre (xDSL), câble coaxial (HFC/FttLA), fibre optique (FTTx)), pas plus que l’offre commerciale qui conditionnent tous deux le débit maximum en envoi et en réception. Cela ne permet donc pas de différencier les résultats par technologie, ni de déterminer si les résultats obtenus correspondent à l’offre ou sont limités par celle-ci.
Sur ces deux points il est à noter que l’Arcep a défini une API qui sera implémenté dans les box et permettra précisément aux outils de mesure comme nPerf de récupérer à partir de juillet 2022 ces informations.
Malheureusement la mise en place de cette API n’est obligatoire (pour l’instant ?) que pour les FAI ayant plus d’un million de clients (à savoir Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR). Pour les autres opérateurs son implémentation n’est que recommandée et de fait elle n’est pas obligatoire pour les opérateurs de La Réunion.
nPerf, correctement utilisé, est utile notamment pour vérifier l’absence d’anomalie sur la liaison entre son logement et le cœur de réseau de son opérateur.
Sous réserve d’utiliser un équipement performant, relié de manière optimale à sa box, un test nPerf permet de vérifier l’absence d’anomalie et la qualité de la liaison entre son logement et le cœur de réseau de son opérateur.
Cela ne préjuge en rien de la qualité de la connexion internet fournie par un opérateur dont le rôle ne se limite pas à fournir la liaison entre le client et son réseau mais aussi (et surtout) à la manière dont il interconnecte son propre réseau à l’ensemble des autres réseaux qui constituent Internet que ce soit au travers des accords de transit, de peering, de liaisons sous-marines etc.
Dans le cas de La Réunion c’est particulièrement crucial car peu ou pas d’Internet n’est disponible localement hormis via quelques serveurs caches ou CDN (Netflix, YouTube, Cloudflare, Akamai etc.) utilisés par certains opérateurs. Pour le reste et compte-tenu des liens sous-marins existants et des habitudes de consommations, les contenus sont récupérés principalement :
À ce stade on comprend que des tests majoritairement réalisés en local ne préjugent en rien de la connexion réelle pour accéder à des contenus en dehors de l’île. Ils permettent toutefois à l’utilisateur de vérifier s’il n’y a pas de souci entre son équipement jusqu’au réseau de son opérateur.
Chaque année Nperf établit un classement sur la base des mesures réalisées par les utilisateurs afin de déterminer les performances de chaque opérateur sur les critères suivants :
Comme vu précédemment l’immense majorité des tests pris en compte sont fait en utilisant le serveur de mesure installé directement sur l’infrastructure de l’opérateur. Les mesures prises en compte sont donc majoritairement réalisées directement sur le réseau de son opérateur.
nPerf n’ayant pas la capacité d’identifier la technologie d’accès et l’offre souscrite par l’utilisateur, il se base sur les propres résultats des mesures pour déterminer selon la terminologie de l’Arcep ce qui relève d’une connexion Haut Débit et d’une connexion Très Haut Débit.
Cela conduit à considérer un test fait par ex. sur une connexion FttH mais dont le résultat serait inférieur à 30 Mb/s à être classé en haut débit alors que cette technologie relève du très haut débit. C’est un choix totalement assumé par nPerf
Le classement général est réalisé en mélangeant les deux catégories ce qui avantage de fait les opérateurs qui ne proposent que des connexions très haut débit même si le rapport établit par nPerf propose tout de même un classement par catégorie.
Il est regrettable que pour l’instant l’autorité de régulation qu’est l’Arcep n’aille pas plus loin que la mise en place d’une API pour récupérer des informations et ne mette pas en place des indicateurs basés sur des tests de services représentatifs de l’usage réel des utilisateurs et ne dépendant pas des équipements clients.
On peut notamment citer l’étude faites par le régulateur de l’Arabie Saoudite qui en utilisant la solution Samknows a mesuré pour les jeux vidéos les plus populaires, la qualité de service proposée par chacun des opérateurs et dans différentes villes.
Le débit n’est que l’un des composants contribuant à la qualité d’une connexion internet et avec les débits généralisés à 1 Gbit/s (et plus, jusqu’à 2,4 Gbit/s à La Réunion) il n’est plus un facteur limitant. Par contre d’autres facteurs comme la perte de paquets, la latence, la capacité sur les liaisons sous-marines, le paramétrage du routage mis en place par un opérateur jouent un rôle crucial pour certaines applications en temps réel (jeux vidéos, visioconférence etc.).
Les sources utilisées :
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